lundi, décembre 18, 2006

: Dollars & Sense: The Cost Effectiveness of Small Schools. Les Dollars et le sens commun : La rentabilité des petites écoles.

Identification de la source
Le rapport « Les dollars et le sens commun » résulte de la collaboration de trois institutions américaines : la fondation KnowledgeWorks, le Rural School and Community Trust et Concordia, Inc. Il a été mené par une équipe de neuf chercheurs spécialisés en éducation, en architecture et en recherche qualitative.
Les auteurs en sont Barbara Kent Lawrence, Ed. D. Steven Bingler, Barbara M. Diamond, J. D. Bobbie Hill, Jerry L. Hoffman, Craig B. Howley, Ed. D. Stacy Mitchell, David Rudolph, Ed. D. et Elliot Washor.

Résumé des idées principales
Cet article traite des avantages éducatifs et sociaux des petites écoles et des effets négatifs des grandes écoles sur les étudiants, les professeurs et les membres de la communauté, aussi bien que les désavantages économiques inhérentes aux grandes écoles.
Ils ont tenté de démystifier la croyance généralement répandue que la construction et le fonctionnement des grandes écoles sont moins chères que celles des petites. Leur conclusion : l'investissement de l’argent provenant des impôts dans de petites écoles semble avoir du bon sens.
Les auteurs constatent qu’aux États Unis, depuis plusieurs années, les districts scolaires ferment de plus en plus de petites écoles, sous prétexte que les grandes écoles coûtent moins cher que les petites. Beaucoup croient que le rapport coût/bénéfice joue en faveur des grandes unités.
Selon les auteurs, les districts scolaires bâtissent de grandes écoles pour répondre aux contraintes qui leur sont imposées par l’État : nombre minimal d’élèves par école relativement élevé, norme de superficie à respecter par élève, etc.
La situation semble toutefois changer. Quelques États, comme la Floride, le Maryland et le Vermont, exemples choisis par les auteurs, commencent à remettre en question leurs mesures normatives et parlent de privilégier la construction de petites écoles, espérant ainsi venir à bout des problèmes de discipline, diminuer la criminalité, éliminer les «gangs», abaisser les taux de décrochage scolaire.
S’appuyant sur des recherches antérieures, les auteurs définissent ce qu’ils entendent par «petite école» :
École de 2e cycle du secondaire (grades 9-12) : au plus 75 étudiants par niveau (300 au total).
École de 1er cycle du secondaire (grades 5-8) : au plus 50 étudiants par niveau (200 au total).
École primaire (grades 1-8) : au plus 25 étudiants par niveau (200 au total)
École primaire (grades 1-6) : au plus 25 étudiants par niveau (150 au total)
Selon les auteurs, plusieurs recherches ont déjà montré les avantages des petites écoles. Le taux de diplômation y est plus élevé que dans les écoles plus grandes, celui du décrochage plus bas, on y rapporte moins d’incidents violents, moins de vandalisme et le sentiment d’appartenance y est plus élevé. Les élèves des petites écoles participent plus aux activités extracurriculaires et la satisfaction des enseignants est plus élevée. Les membres de la communauté et les parents y sont plus engagés (Coton, 2001).
La taille des écoles influence plus la performance des étudiants que le nombre d’élèves par classe ou la race, à cause essentiellement de l’ambiance qui y règne.
Pour prouver que l’investissement dans des petites écoles a du bon sens et est rentable, les auteurs se sont appuyés sur les données des budgets de 128 écoles secondaires de 1995-1996 recensées dans une recherche effectuée au New York University’s Institute of Education. Le coût par année et par élève dans une école de moins de 600 individus dépasse de 1410 $ celui observé dans une école de plus de 2000 élèves. Par contre, en divisant les coûts totaux par le nombre de diplômés plutôt que par le nombre d’élèves, les auteurs constatent et affirment qu’il est plus sage d’investir dans de petites écoles. Le taux de décrochage plus élevé dans les écoles plus grandes explique ce résultat.
En plus, si l’on tient compte des coûts indirects associés au décrochage (par exemple, productivité au travail moins élevée, l’assistance sociale dédiée aux décrocheurs, la tendance à la criminalité et les coûts des services sociaux qu’elle engendre), l’investissement est plus élevé dans les grandes écoles que dans les petites.
Il semblerait aussi que les écoles plus grandes aient besoin de personnel supplémentaire pour l’entretien et l’administration, par exemple, on prévoit dans les grandes écoles un orienteur par 250 étudiants, alors que bien souvent ce sont les enseignants et le directeur de la petite école qui règlent les problèmes des élèves qu’ils connaissent très bien. À ces arguments, on peut ajouter une économie non négligeable en coûts de transport. Les élèves se rendent généralement à pied ou à bicyclette dans leur petite école relativement proche de chez eux. Cette situation présente aussi l’avantage de favoriser l’activité physique et de gagner du temps, que l’on peut consacrer à des activités familiales, par exemple.
Finalement, les auteurs rappellent qu’on doit aussi penser aux coûts sociaux associés à la fermeture des petites écoles. Fermer une école engendre souvent un ralentissement de l’économie locale, une perte de cohésion et une diminution de participation à la vie communautaire.

Méthodologie
Exploitant des données tirées de 489 projets de construction d’écoles, entre 1990 et 2001, et pouvant accueillir entre 24 et 4000 élèves,, les auteurs ont pu décortiquer les coûts de construction par groupes d’écoles (les petites et les plus grandes) et par niveau d’enseignement : élémentaire, premier cycle de secondaire et deuxième cycle de secondaire. Les auteurs ont calculé à combien revenait le pied carré de construction d’une école par élève. Les petites écoles sont 20% plus chères que les grandes. Mais, si l’on compare le coût des petites écoles avec la moyenne de toutes les écoles (pas seulement les grandes), la différence n’est plus que de 5%. Les auteurs ont aussi constaté qu’il coûtait moins cher au pied carré de construire une petite école qu’une école de taille moyenne.
Conclusion :
Les auteurs affirment que les petites écoles sont un investissement rentable en termes non seulement économiques mais aussi en termes de bien-être des élèves, des communautés et des pays.

Réflexion Critique
La justification du sujet de cette recherché est claire, pratique et bien énoncée : il s’agit de persuader les décideurs de construire des petites écoles plutôt que des grandes. Les arguments utilisés pour le faire sont bien fondés et reposent sur des données officielles et récentes.
Les chercheurs ont fait une bonne recension des écrits incluant les dernières tendances vers la construction de petites écoles.
À mon avis, le fait d’avoir utilisé dans l’évaluation des coûts par élève, non pas le nombre d’élèves, mais le nombre de diplômés, constitue un apport important. Par contre, la détermination des limites pour les petites écoles (quantité d’élèves/niveau/école) semble être un peu arbitraire, même si les nombres avancés font du sens.
On trouve dans Internet 143 références à cet article. Aucune d’entre elles ne comporte de critiques négatives sur la méthodologie ou sur les résultats. Au contraire même, les articles en général le trouvent positif. La même équipe de recherche a publié un deuxième rapport « Les Dollars et le sens commun II », qui formule des recommandations bien précises pour la construction des petites écoles.

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