lundi, mai 08, 2006

Les élèves et leur environnement




Les conditions de vie des familles rurales font que «le coût d'opportunité» qu’elles doivent assumer pour envoyer les enfants à l’école est, dans beaucoup des cas, trop élevé. Il faut rappeler que les enfants ruraux sont, en grande majorité, des enfant-travailleurs. Ceci fait en sorte que le temps qu'ils doivent consacrer à l'école est du temps de "main d'œuvre" perdu par la famille. Dans certains cas, il s’avère que cette perte est cruciale, à tel point que la famille n’arrive plus à combler ses besoins économiques vitaux et à assurer sa survie. Aussi n'est-il pas rare de constater un haut taux d’absentéisme à l’école durant, en particulier, les récoltes.
En Amérique latine, 46% de la population, qu’elle soit rurale ou urbaine, ne peut subvenir minimalement à ses besoins fondamentaux. 22% de la population se trouve en état d'extrême pauvreté[i]. Dans ce contexte de pauvreté, le coût du transport jusqu'à l'école, l'achat de fournitures scolaires, aussi minimes soient-elles, d'uniformes, représentent des coûts trop élevés, spécialement pour les familles dont le seul revenu provient de l'agriculture.
La pauvreté affecte les femmes dans une plus grande mesure que les hommes. De manière habituelle, les filles doivent collaborer au travail de la maison, prendre soin des frères et sœurs plus petits, etc. En outre, il arrive souvent que leur insertion dans le système éducatif soit considérée comme non pertinente, puisque les perspectives de leur développement personnel ne sont pas valorisées par la culture de la région. Autrement dit, dans certains contextes, si on doit faire un effort économique, on donne la priorité au garçon, puisqu'il aura plus de chances de se sortir du cercle de la pauvreté que la fille.
À la pauvreté sont très souvent associés des problèmes de santé. Généralement, le rendement scolaire de beaucoup d'enfants mal nourris est faible et leur absentéisme de l’école élevé. Les conséquences économiques et sociales de la maladie frappent directement la famille rurale. En l'absence de systèmes de soins de santé opérationnels, les frais médicaux occasionnés par les membres malades de la famille sont supportés entièrement par la famille nucléaire ou le réseau familial élargi : la part du revenu que l’on pourrait consacrer à l’éducation se trouve ainsi réduite.
Les moyens de transport.


L’absence de moyens de transport adéquats des enfants se rendant à l’école ou leur qualité constitue une autre difficulté de taille à laquelle est confronté le milieu rural. Il n’est pas rare que les cours doivent être annulés parce que les chemins sont en mauvais état et ne sont plus praticables. Les longues distances que les élèves doivent parcourir à pied, à cheval ou en charrette en rebutent plus d’un et font que les enfants s’absentent de l’école fréquemment[ii]

La famille.


L’institution familiale joue un rôle central en milieu rural. Encore maintenant, c’est la famille qui subvient à tous les besoins des enfants, dans la mesure évidemment de leurs possibilités. Quelques facteurs dépendant de la famille conditionnent la réussite scolaire des enfants : les moyens financiers dont elle dispose, la structure familiale (mono ou bi parental, nucléaire ou extensive), le réseau social (disponibilité de l’aide et du soutien), les endroits psychologiques développés au sein des familles Il est cependant difficile de trouver des données étayant le lien étroit entre réussite scolaire et environnement familial en milieu rural.
« Les programmes d’intervention doivent examiner l’interaction entre le développement social et affectif et la réussite scolaire. J’ajouterais aussi que les mesures observationnelles sur l’engagement des enfants envers la tâche, la persistance et l’enthousiasme sont nécessaires pour compléter les mesures existantes »[iii].

Probablement, il y a certains raisons bien fondées pour la réalisation des études sur l’école rurale, à partir d’une approche psychologique. Il semble indéniable que les éléments signalés ci-dessus doivent influer sur la personnalité des enfants, mais la seule référence trouvée sur ce sujet ne porte que sur l’orientation professionnelle des élèves.
« En effet, dans les villages ou les enfants n'ont aucun contact avec le monde extérieur et où la majorité n'a pas de chance réelle de dépasser le premier degré, la gamme des professions connues par les enfants est très restreinte. Elle se limite à: moniteur, prêtre, infirmier, peut être encore clerc ou chauffeur. Aucun enfant d'une telle école n'aurait l'idée de vouloir devenir cultivateur. Cela n'est pas considère comme une profession, et ce n'est pas pour cela que l'on va à l'école »[iv].

[i] Rivero, José (2000) “Reforma y desigualdad educativa en América Latina” Revista de Educación Iberoamericana No. 23. OEI.

[ii] Roach, Lorne (2000) “Aspects affecting small rural schools”. Faculty of Education. Memorial University of Newfoundland. Thesis for Master Degree. Canada.
[iii] Kato, Pamela (2005). Évaluation des programmes d’intervention précoce destinés aux jeunes enfants : commentaires sur Kitzman, Knitzer, et Lipman et Boyle. National Center for Children and Families, Teachers College, Columbia University, ÉTATS-UNIS (Publication sur Internet le 12 avril 2005)
[iv] Wohlgennant, Lieselotte (s.d.e) Attentes des parents, problèmes et aspirations des élèves. Écoles du Zaïre. Trouvé en : http://www.ceeba.at/cuis/cuis_develop_ecole.htm