mardi, décembre 19, 2006

Les résultats de l'école rurale


À partir des informations précédentes, on pourrait être porté à croire que les conditions de l’école en milieu rural sont telles que l’éducation ne peut qu’aboutir à un constat d’échec. Les résultats ne sont cependant pas aussi mauvais que ce à quoi l’on aurait pu s’attendre.
La réussite scolaire
Malgré les caractéristiques semblables des écoles rurales de par le monde, il y a de grandes différences entre les pays développés et ceux en voie de développement. Différents travaux réalisés par l’Observatoire de l’École Rurale en France, montrent que :
« L'école rurale bénéficie en apparence de moyens plus importants que l'école urbaine parce que le nombre d'élèves par maître y est plus faible. En réalité lorsqu'elle est située en zone fragile, elle est souvent pénalisée par son isolement, la rareté de l'offre culturelle et sportive et par son retard dans l'offre d'écoles maternelles. Cependant en zone rurale, là où les classes à plusieurs cours sont majoritaires, les résultats des élèves dans les savoirs de base sont identiques voire légèrement supérieurs à la moyenne nationale. »[i]
Dans un rapport publié en septembre 1992, la Direction de la recherche du ministère de l'Éducation du Québec décrit une typologie des écoles primaires a partir de deux paramètres, leur taille et la présence de classes multiprogrammes, et évalue leur impact sur la réussite scolaire des élèves. Les chercheurs mentionnent que :
« ...les pourcentages des doubleurs sont légèrement supérieurs dans les petites, dans les moyennes - petites ou dans les moyennes écoles. Par ailleurs, lorsque l'on compare les écoles de même taille avec ou sans classes multiprogrammes, on observe que les pourcentages des doubleurs sont légèrement inférieurs dans les écoles ayant des classes multiprogrammes »[ii].
Ces résultats positifs sont renforcés par une étude française[iii] :
Le taux de réussite aux tests est globalement plutôt meilleur dans les milieux ruraux et il s'accroît significativement dans les petites structures à plusieurs niveaux :

Nombre de classes et de niveaux Scores/français Scores/mathématiques
Écoles de moins de 4 classes 64,4 69,0
Écoles de plus de 3 classes 62,4 66,5
- classes à 2 niveaux 63,7 68,3
- classes à 4 niveaux 64,1 68,9
- classes à 5 niveaux 65,9 72,8
Ensemble des écoles rurales 63,1 67,4
Ensemble des écoles urbaines 63,2 67,3

Scores des élèves des écoles rurales aux tests d'évaluation selon le nombre de niveaux dans la classe qu'ils fréquentent (Résultats nationaux, année 1993-94 -DEP)

Bien sûr, il faut tout au moins nuancer la portée des résultats de ses études, par exemple, rien qu’en France, la scolarité est obligatoire et respectée à la lettre, la pauvreté malgré tout est moins grande qu’ailleurs etc. Ce qui n’est pas le cas dans la plupart des pays en voie de développement.
La migration
Les études sur la migration rural-urbaine prenant en compte le niveau de scolarité montrent que les élèves les plus scolarisés ont une tendance plus grande à la mobilité. On retrouve cette tendance au Canada, aux États-Unis et en Europe.[iv]
Le passage au niveau secondaire.
On constate dans bien des pays que le passage du niveau primaire au niveau secondaire pose plus de difficultés aux élèves des milieux ruraux qu’à ceux des plus grandes agglomérations. Cette difficulté s’expliquerait par[v] :
§ la disparition de l'effet « grand frère » (on apprend avec des élèves d'âges différents);
§ des groupes plus nombreux et une plus grande homogénéité scolaire;
§ des pratiques d'autonomie non valorisées au secondaire;
§ une diminution des activité éducatives (sorties de proximité remplacées par des sorties linguistiques, par exemple);
§ un moins grand attachement au lieu de vie;
§ une baisse des pratiques culturelles dans le cadre scolaire
On ne sait toujours pas pourquoi les élèves, qui malgré toutes les difficultés, réussissent à finir relativement bien au primaire, perdent-ils cet avantage au secondaire.


[i] L'avenir du système éducatif en milieu rural isolé. Bulletin Official de l'Éducation Nationale N°48 du 24 décembre. France. Trouvé en : http://www.education.gouv.fr/botexte/bo981224/SCOE9803197C.htm
[ii] Ministère de l'Éducation, Direction de la recherche, Rapport d'étude sur les écoles primaires et les classes multiprogrammes, Québec, (1992), p. 20. Cité par Thibault-Belangé, Annette (1993) La Petite école et la classe multiprogramme, des réalités incontournables. Article dans Education Canada. Toronto: Winter 1993. Vol. 33, N° 4; pg. 16

[iii] Alpe, Yves (2002). Modèles culturels des acteurs, stratégies scolaires et conditions de l'étude dans l'école rurale. Présentation au Troisième colloque international "Recherche et formation des enseignants"
IUFM de l'Académie d'Aix Marseille,14, 15 et 16 février 2000. Trouvé en :
http://www.grenoble.iufm.fr/rural/publication/colloREF.doc


[iv] LeBlanc, Patricia (2002) La migration des jeunes de milieu rural. Institut National de la recherche Scientifique. Canada. Trouvé en : http://www.inrs-ucs.uquebec.ca/pdf/rap2002_04.pdf

[v] Snuipp’89 (2005) École et ruralité : Le SNUipp décape des fausses évidences. Article de journal en SNUIPP’89. France. Trouvé en : http://89.snuipp.fr/article.php3?id_article=403&var_recherche=communaut%E9