mardi, décembre 19, 2006

caractéristiques générales de l’école rurale


Les écoles rurales possèdent leurs propres caractéristiques, qu’elles soient d’ordre pédagogique ou administratif, qui les différencient nettement des écoles urbaines.
Caractéristiques d’ordre pédagogique
Les méthodes ou approches pédagogiques utilisées dans ces écoles sont particulières :
La classe unique.
La «classe unique » a depuis toujours été l’apanage des écoles rurales : un seul enseignant s’occupe de tous les enfants d'âge scolaire et préscolaire habitant dans la région. Le fonctionnement d'une classe unique est assez particulier, puisqu'il requiert la détermination d'objectifs d'apprentissage de manière indépendante pour chacun des enfants, mais dont la poursuite dans la classe doit avoir lieu de manière simultanée.
L’enseignement multiniveaux.
On qualifie de multiniveaux l’enseignement dispensé à des élèves de différents âges présents en même temps dans le même local de classe. Cette structure multiniveaux, que l’on retrouve souvent en milieu rural, est connue sous divers noms selon les pays : classes composées ou classes combinées, classes doubles, classes multiâge, classes verticalement groupées, classes multiples, famille classe ou classes à multiniveaux.
Mulcahy[i] décrit le caractère unique des classes multiniveaux de la manière suivante:
1. Des élèves de plus d'un niveau sont regroupés dans une même salle.
2. L’enseignant doit bien maîtriser les programmes d’études de plusieurs niveaux.
3. La gamme d'âge des élèves est plus large que dans une classe à un seul niveau.
4. Pour des raisons pratiques, le niveau moyen d’enseignement se rapproche du plus bas dénominateur commun des capacités des élèves.
5. Les élèves restent dans la même salle pendant au moins deux années.
6. Les élèves ont le même enseignant pendant au moins deux années.
7. La promotion des élèves d’un niveau à l’autre est également spéciale. Selon leurs situations individuelles, des élèves passent au niveau supérieur tout en conservant le même enseignant et la même salle ou changent de classe et d’enseignant.

Cette méthodologie est une réalité dans l'éducation primaire de beaucoup de régions. Elle constitue une forme éducative très courante dans des secteurs ruraux, problématiques ou non, dans des régions et des secteurs urbains peu habités et où les conditions sociales sont souvent défavorables. Dans de tels secteurs, les écoles multiniveaux visent à :
- rendre accessible aux jeunes l’éducation et à leur donner de l’assistance continue dans un environnement scolaire;
- fournir également la connaissance et l’appropriation des valeurs souhaitables;
- jouer un rôle plus large dans le développement social.

Mais malheureusement, dans la réalité, les écoles multiniveaux sont souvent négligées par le système d'éducation. La plupart du temps, les autorités éducatives nationales, les ministères de l'éducation et les établissements pédagogiques, ne tiennent pas compte de la différentiation des conditions d'enseignement et d'apprentissage qui prévalent dans l'environnement multiniveaux ou ne la considèrent pas importante. La formation multiniveaux est souvent considérée comme un mal nécessaire adopté juste pour respecter l'engagement officiel de l'État de fournir l'éducation à tous. L’État accorde peu d'attention pour dispenser une éducation de qualité ou pour soutenir les besoins spécifiques des enseignants travaillant dans les écoles multiniveaux. En raison des singularités géographiques, des particularités socio-économiques et du manque d'infrastructure et de personnel, ces écoles restent toujours retardées.
Caractéristiques d’ordre administratif
Les ressources.

L'infrastructure scolaire est déficiente dans beaucoup d'écoles à travers le monde. Les bâtiments sont vieux et ne sont pas entretenus régulièrement, les meubles ne sont pas remplacés souvent, les travaux de réparation ne sont pas effectués de manière systématique. Dans presque la moitié des écoles rurales des États-Unis, par exemple, le câblage électrique nécessaire au soutien de la technologie est déficient ou tout simplement absent. 84 % d’entre elles ne possèdent pas de fibre optique ni de réseaux d’ordinateurs très importants pour mettre en application le programme national «no child left behind ». De «vieux bâtiments» (plus de 50 ans), peu ou mal entretenus faute d’argent, accueillent près de la moitié (46 %) des élèves des milieux ruraux.[ii].

Des salles de cours partiellement équipées se retrouvent encore de nos jours. Il arrive souvent que des élèves suivent leurs cours assis sur le plancher et certaines écoles manquent d’installations sanitaires et d'eau.

Par ailleurs, la stratégie multiniveaux implique l’élaboration, la reproduction et la distribution de quantités importantes de matériel d’auto-apprentissage, pour soutenir l’apprentissage individuel, l’apprentissage par les pairs et en petits groupes : souvent, ce matériel est inexistant.

Les relations avec la communauté.
On a vu précédemment qu’était dévolu à l’école le rôle d’agent mobilisateur de la communauté. C’est là que se discutent ou se résolvent les problèmes immédiats : l’école, par exemple, centralise et coordonne les efforts des habitants face à des problèmes de santé publique, de productions agricoles ou, plus simplement, de relations entre voisins.
Pour sa part, la communauté soutient en retour l'école dans la collecte de fonds. Elle est continuellement sollicitée à contribuer financièrement pour soutenir les déplacements dans les champs, les activités sportives, etc.
Ce lien fort entre la communauté et l'école est mis de l’avant par Roach qui, pour sa part, se réfère à différents auteurs[iii] :
« En ce qui concerne la communauté, Hutto fait écho à l'idée que les petites écoles apportent un sens d'identité aux communautés, ce qui alternativement stimule un sens d'identité et d'appartenance chez les élèves. Des parents sont souvent impliqués dans des activités de l’école et intéressés aux progrès des élèves. En conséquence l'école reçoit souvent le soutien de la communauté aux activités curriculaires supplémentaires ».

Ces liens avec la communauté sont évidents quand vous voyez les gradués faire des visites régulières à l'école quand ils reviennent séjourner chez leurs parents. Ils s’identifient avec l’école.

[i] Mulcahy, D. (1996) “Why rural education?” Cité par Roach, Lorne (2000) “Aspects affecting small rural schools”. Faculty of Education. Memorial University of Newfoundland. Thesis for Master Degree. Canada.

[ii] McColl, Ann and Malhoit, Gregory C. (2004) Rural School Facilities: State Policies that Provide Students with an Environment to Promote Learning. Rural School and Community Trust. USA. Trouvé en: http://www.ruraledu.org/docs/rural_school_facilities_policies.pdf

[iii] Roach, Lorne (2000) “Aspects affecting small rural schools”. Faculty of Education. Memorial University of Newfoundland. Partie de sa Thèse for Master Degree. Canada.